La généalogie, nouvelle passion de la jeunesse
Mots clés : Famille, Généalogie,
Internet
Par Cyrille Louis
03/05/2010
| Mise à jour : 09:06
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Selon une étude, seul un Français sur deux serait aujourd'hui en mesure de citer l'état civil d'au moins un de ses arrière-grands-parents. Crédits photo : ASSOCIATED PRESS Deux tiers des moins de 35 ans auraient déjà entrepris des recherches sur leurs ancêtres. Un antidote à l'éclatement familial. Certains utilisent la généalogie pour remonter les siècles et identifier de très lointains ancêtres. La plupart du temps, cependant, c'est plus modestement pour reconstituer l'histoire familiale récente que les Français courent les dépôts d'archives départementales et surfent sur les sites spécialisés. Selon un récent sondage Ipsos (1) commandé par le site Internet Généalogie.com, 65% des moins de 35 ans ont déjà entrepris de telles recherches. Or, leur principale motivation serait de nouer des contacts avec des parents ou des cousins éloignés dans l'espoir de partager un patrimoine familial commun. Un antidote à léclatement des structures familiales De l'avis de plusieurs sociologues, l'engouement des Français pour la généalogie opérerait ainsi comme un antidote à l'éclatement, au siècle dernier, des structures familiales traditionnelles. «Autrefois, la transmission de l'histoire familiale se faisait de génération en génération, si bien que les enfants connaissaient immanquablement l'identité et la profession de leurs tri-aïeux», retrace Serge Guérin (2), spécialiste du vieillissement. Professeur émérite à l'université de Nanterre, Martine Segalen (3) complète : «Après la Seconde Guerre mondiale, le développement des mobilités géographiques et sociales a incontestablement fragilisé ce modèle. La mémoire familiale s'est rapidement désagrégée. C'est alors, au milieu des années 1970, qu'on a vu les Français commencer à faire le siège de leurs archives départementales. » À en croire l'étude réalisée par Ipsos, seul un Français sur deux serait aujourd'hui en mesure de citer l'état civil d'au moins un de ses arrière-grands-parents. Paradoxalement, cette donnée illustrerait plutôt un regain de curiosité pour leurs origines familiales. «Il est tout à fait vraisemblable que le pourcentage aurait été inférieur si l'on avait posé la même question il y a quinze ou vingt ans, analyse Martine Segalen, qui martèle : Le boom de la généalogie contribue incontestablement à restaurer la connaissance que les plus jeunes générations ont de leur histoire familiale.» Tous âges confondus, le même sondage indique que 61% des Français ont, à un moment ou à un autre de leur vie, entrepris des recherches sur leurs origines généalogiques. A contrario, seuls 21% d'entre eux exprimeraient un désintérêt complet pour cette activité. Longtemps indifférente, Camille, 35 ans, a découvert tout un pan de sa famille sur le tard, à partir du moment où son oncle et son père ont décidé d'enquêter sur leurs origines. «N'ayant que très peu connu mes grands-parents, j'ignorais tout de mes ancêtres, raconte cette Parisienne qui travaille dans la communication. Aujourd'hui, au contraire, je connais l'état civil d'au moins trois de mes arrière-grands-parents et, même si je n'en fais pas une passion, il m'arrive d'aborder leurs itinéraires avec mon père.» Chantier de numérisation Afin de répondre à l'intérêt croissant du public pour cette matière, les services départementaux des archives ont progressivement engagé, à partir de 2007, un très vaste chantier de numérisation et de mise en ligne de leurs registres. Depuis fin 2009, les fonds considérables des Archives de Paris sont ainsi consultables d'un simple «clic ». Appâtés par ce marché émergent, plusieurs sites Internet commerciaux proposent en outre de faciliter l'accès des généalogistes du dimanche à ce maquis de données. Pour Serge Guérin, la «réappropriation de la mémoire familiale», rendue possible par la démocratisation de la généalogie, permet notamment aux générations les plus jeunes de «mieux s'inscrire dans le temps ». «Lorsqu'un trentenaire parisien apprend que son arrière-grand-père, originaire du Nord, a passé toute sa vie à travailler dans les mines, il a tendance à relativiser ses propres difficultés, estime le sociologue. Cette connaissance lui permet de retracer le chemin parcouru au sein de sa famille et d'être moins obsédé par le fait que son pouvoir d'achat est plus faible que celui de ses paren ts…» (1) Étude réalisée du 5 au 9 mars 2010 auprès d'un échantillon représentatif de 1 033 personnes âgées de 16 à 64 ans. (2) Auteur de De l'État providence à l'État accompagnant, éd. Michalon. (3) Auteur de Sociologie de la famille, Armand Colin.
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