(Ouest-France du 29 octobre)
Un livre en cours de numérisation sur un stand du salon du livre à Paris, en mars 2006. : Archives AFP
OAS_AD('Position1');
cachePubVide('pubDetailArt');
Un projet pharaonique
Google, champion du monde des moteurs de recherche sur Internet, a lancé un projet pharaonique de « bibliothèque mondiale numérisée ». Elle compterait quelque dix millions de titres à ce jour. Objectif : rendre tous les livres du monde accessibles via Internet sur « Google recherche de livres ». Voilà pourquoi la firme passe des accords avec de grandes bibliothèques universitaires (Harvard, Oxford, etc.) et publiques (New York, Bavière). En France, Lyon est la première à avoir signé un tel accord, en juillet 2008. La Bibliothèque nationale de France négocie.
Du papier au fichier numérique
Numériser un livre, c'est le passer au scanner, pour le « transformer » en fichier numérique pouvant être lu sur ordinateur : « Concrètement, il s'agit de 'photographier' les pages une à une, explique Patrick Bazin, le directeur de la bibliothèque de Lyon. L'opération demande beaucoup de précaution : certains livres sont très précieux ou très fragiles. »
Nostradamus dans l'ordinateur
Prognostication nouvelle et prediction portenteuse. C'est le titre d'un ouvrage écrit par Nostradamus en 1554. On n'en connaît qu'un seul exemplaire au monde, conservé à la bibliothèque municipale de Lyon. Ce devrait être, en novembre, le premier livre numérisé par Google dans le cadre du partenariat entre la grande firme américaine et la Ville de Lyon. Un clin d'oeil symbolique pour associer un astrologue de la Renaissance à une société créée il y a peine dix ans. 450 000 à 500 000 autres ouvrages suivront sur une période de six à dix ans.
Uniquement des vieux livres
Le projet lyonnais ne porte que sur des livres anciens, des débuts de l'imprimerie, vers 1450, à la fin du XIXe siècle. « Ils sont libres de droits », précise Patrick Bazin. Qui sélectionne les livres à numériser ? « Google ne fait pas son marché dans nos réserves. Le contrat est clair : nous choisissons, ils numérisent. »
Quel intérêt pour la bibliothèque de Lyon ?
La municipalité lyonnaise a évalué le coût d'une telle opération à 60 millions d'euros. « Mais avec Google, c'est gratuit pour le contribuable lyonnais. En outre, les fichiers sont dédoublés : l'un part sur les serveurs de Google ; l'autre reste chez nous. Avec cette base, nous pourrons constituer, d'ici un an, notre propre bibliothèque numérique. À terme, elle sera connectée à d'autres bibliothèques numériques publiques, en Europe et dans le reste du monde. »
Quel intérêt pour Google ?
La société américaine cherche à gagner de l'argent. Plus elle a de livres en magasin, plus elle peut espérer avoir de visites sur son site et donc vendre ,de la pub. Pendant vingt-cinq ans, Google aura l'exclusivité de la vente des livres numérisés à Lyon. Si vous achetez une copie informatique d'une bible de Gutenberg, imprimée au XVe siècle, l'argent finira dans le tiroir-caisse de Google ; la bibliothèque municipale de Lyon n'en tirera aucun profit pendant cette période, bien qu'elle reste propriétaire de l'ouvrage original.
Alain GUYOT.