Généalogie d'un breton

La Dépêche de Brest. 58 ans d'actu en ligne !

7 février 2013

La Dépêche de Brest a marqué au quotidien l'histoire des Brestois, de 1886 à 1944. Accessible jusqu'ici uniquement sous forme papier ou microfilms aux archives départementales du Finistère et aux archives de Brest, elle est désormais disponible en ligne, sur www.ladepechedebrest.fr

« Je vous présente la Dépêche de Brest. Elle naît seulement et réclame votre indulgence », écrit, le 19 novembre 1886, le rédacteur en chef Dessoye. C'est le premier numéro de La Dépêche, successeur de l'Union républicaine du Finistère, née dix ans plus tôt. Il n'imagine pas alors que son texte sera, 127 ans plus tard, disponible en ligne et lisible à travers le monde en un clic, grâce à la numérisation. Pour obtenir un tel résultat, il a fallu l'action conjointe des archives de Brest, de la bibliothèque de Brest et du service de documentation du Télégramme. Près de 110.000 € ont été investis.


Quatre mois de numérisation

Lancé en 2011, le projet se concrétise aujourd'hui. Chaque jour durant quatre mois, Carole Audouin, de la société Arkhénum, descend aux archives, dans les entrailles du Télégramme. Toute la journée, la jeune opératrice s'affaire autour de son scanner et numérise, une à une, les 106.903 pages du journal brestois. « Je vois passer 1.400 pages du journal par jour et malheureusement, je n'ai pas de temps de les lire sauf les gros titres. J'ai hâte d'arriver dans les périodes d'actualité forte comme la Seconde Guerre mondiale », confie-t-elle. Une pression sur une pédale et un imposant bras mobile surplombé d'une caméra numérique glisse sur un rail dans un léger sifflement.

Un puzzle à reconstituer

Carole Audouin fait défiler les pages jaunies, le regard protégé de l'éclat lumineux par des lunettes teintées. À l'écran s'affiche l'image haute résolution de la page. « La conservation des pages n'est pas toujours parfaite. Le temps a parfois altéré l'encre ou la qualité du papier. Pour obtenir la totalité des pages et une lisibilité optimale, il a fallu rassembler les collections du Télégramme, des archives départementales du Finistère et des archives municipales de Brest ». En effet, un long travail préalable de recensement de la qualité des collections a été nécessaire. Camille Dessonet, archiviste à Brest, s'est ainsi penchée durant trois mois sur les collections, notant scrupuleusement chaque défaut pour réunir les pièces du puzzle. Aujourd'hui, elle contrôle chaque page numérisée avant la mise en ligne. Tout en manipulant les collections la main couverte d'un gant de coton blanc pour protéger les pages, Carole Audouin peaufine ses réglages : netteté, balance des blancs, éclairage. Soucieuse du travail bien fait, elle précise qu'« il est important de bien régler le contraste pour faciliter la reconnaissance du contenu de la page ». La reconnaissance du contenu, un point essentiel du processus. Les pages numérisées sont passées au travers d'un OCR, logiciel de reconnaissance de caractères, qui se charge d'interpréter les mots de la page pour en extraire un langage informatique. De cette distillation découle une version numérique de La Dépêche de Brest.

Accessible dès aujourd'hui

À partir d'un simple mot, les internautes peuvent ainsi retrouver sur le site www.ladepechedebrest.fr des traces de leurs ancêtres ou une page de l'histoire de Brest et du Finistère, comme le naufrage du Drummond Castle, sous le titre « Terrible catastrophe », à la Une du 18 juin 1896 ; la venue du président des États-Unis Woodrow Wilson, le 12 décembre 1918 ; ou encore l'explosion du Kléber, en rade de Brest truffée de mines, en juin 1917. Même s'il reste encore quelques années de La Dépêche à numériser, le site, gratuit, est dès aujourd'hui accessible à tous grâce au soutien du ministère de la Culture, de la région Bretagne, du conseil général du Finistère, de Brest Métropole, de la ville de Brest et du Télégramme. 

A  lire
La Dépêche de Brest, naissance et avatars d'un journal de province témoin de son temps, de Jean-Pierre Coudurier, aux Éditions du Télégramme.

  • Gilles Danet